
Chouaib Sahnoun
Malgré son riche patrimoine et une identité forte, le Maroc voit une part importante de sa jeunesse aspirer à l’émigration.
Selon les dernières données du Haut-Commissariat au Plan (HCP), près d’un jeune sur deux envisage de quitter le pays. Ce désir dépasse la seule précarité économique: il traduit une quête de meilleures opportunités et d’un avenir perçu comme plus prometteur ailleurs.
Les motivations varient selon les profils. Les plus religieux ou arabophones préfèrent le Golfe, notamment l’Arabie saoudite, attirés par un mode de vie en phase avec leurs valeurs. L’Europe reste cependant la destination privilégiée, malgré les restrictions croissantes. France, Espagne, Allemagne ou Italie symbolisent un idéal mêlant éducation, aides sociales et confort de vie.
Un autre facteur puissant est l’effet d’entraînement. Le succès apparent de proches expatriés ,revenus avec de l’argent, des voitures ou des compagnes étrangères , nourrit une image idéalisée de l’étranger, amplifiée par les réseaux sociaux.
Cette dynamique crée un imaginaire collectif où l’émigration devient synonyme de réussite.
Le Canada séduit aussi, notamment les jeunes diplômés, par ses politiques d’immigration ouvertes et sa stabilité.
L’Asie attire les passionnés de technologie et d’innovation, tandis que quelques profils plus aventuriers optent pour l’Australie ou certaines régions d’Afrique.
Mais plus qu’un projet de vie, partir devient un symbole: celui d’une émancipation sociale et personnelle.
Pour beaucoup, vivre à l’étranger, c’est s’accomplir, s’affranchir des contraintes locales et gagner en reconnaissance, surtout chez les femmes ou les esprits indépendants.
Ironiquement, alors que de nombreux Marocains rêvent d’ailleurs, le pays attire de plus en plus d’étrangers séduits par son climat et sa qualité de vie.
Une réalité souvent ignorée par ceux qui, convaincus, pensent que l’herbe est plus verte ailleurs.